Les coronaviroses porcines : des infections contagieuses spécifiques du porc

05/05/2020

L’actualité du nouveau Coronavirus humain (SARS-CoV-2), responsable de l’infection COVID-19 à travers le monde, est l’occasion de faire un point sur les Coronavirus du porc.

Généralités sur les Coronavirus

Les Coronavirus sont une famille de virus à ARN regroupant plusieurs sous-familles ; ils touchent la plupart des espèces animales (Mammifères et Oiseaux notamment ; domestiques et sauvages) et affectent principalement les systèmes digestifs et respiratoires avec une gravité variable. Ce sont des virus très spécifiques d’une espèce animale, hautement contagieux, à l’origine potentiellement d’épidémies saisonnières. Des mesures strictes de biosécurité et la vaccination (quand disponible) ont été des armes efficaces pour lutter contre ces infections.

Cinq Coronavirus connus chez le porc

Ces virus sont à l’origine de cinq pathologies chez le porc (dont 3 à tropisme digestif) qui, par ordre chronologique, sont :

  1. Le virus de la Gastro-Entérite Transmissible (GET), qui a entraîné des pertes importantes dans nos élevages, ceci dans les années 1970-80. Il a été à l’origine de formes très graves chez les porcelets sous la mère (moins de 7 jours) avec vomissements, diarrhées liquides et létalité proche de 100 %. Fortement immunogène, le virus a fini par immuniser de nombreux troupeaux et a muté vers un nouveau virus à orientation respiratoire (CVRP).
  2. Le virus de l’Encéphalomyélite Hémo-Agglutinante (HEV), beaucoup plus rare au niveau mondial, donnant exceptionnellement une forme clinique (vomissements, dépérissement, troubles nerveux).
  3. Le virus de la Diarrhée Epidémique Porcine (DEP), qui a été à l’origine d’une flambée de diarrhées grave en Amérique du Nord à partir de 2013, l’infection étant d’autant plus létale que les porcs étaient jeunes. Plus de 50 % des élevages auraient été touchés, avec une diminution des abattages équivalents à 5 millions de porcs.
  4. Le Coronavirus respiratoire porcin (CVRP) : son incidence et sa prévalence au niveau international sont très faibles et il a actuellement un faible impact économique sur la production porcine. Ce virus est une variante de la famille du virus de la GET, qui infecte les voies respiratoires. Les signes cliniques, plus fréquents chez les porcs charcutiers, comprennent la toux, la dyspnée, la respiration abdominale, la dépression, l’anorexie et un léger retard de croissance, des symptômes similaires à ceux observés dans le complexe Respiratoire Porcin (CRP).
  5. Le Deltacoronavirus porcin (PDCoV) est apparu parallèlement au virus de la DEP en Amérique du Nord et est à l’origine d’une clinique digestive de même type.

On peut conclure que les coronaviroses porcines ne sont pas une pathologie majeure dans nos élevages de porcs. Seul circule le Coronavirus respiratoire porcin (CVRP) avec un impact économique et sanitaire faible.

Des infections non transmissibles à l’homme

Si l’on sait désormais que l’infection COVID-19 a pour origine diverses espèces de chauve-souris (réservoir principal), sans que l’on ait encore identifié précisément des hôtes intermédiaires, les scientifiques ont récemment confirmé qu’il n’existe aucune preuve que les animaux de rente jouent un rôle dans la propagation du virus SARS-CoV-2. Une étude chinoise récente (avril 2020) a confirmé que le porc n’était pas sensible au coronavirus responsable du Covid-19.

Concernant le rôle des aliments dans la transmission du SARS-CoV-2, ils rappellent que la voie d’entrée principale est la voie respiratoire. En l’état actuel des connaissances, la possible contamination des denrées alimentaires d’origine animale à partir d’un animal infecté a été exclue. Le SARS-CoV-2 est par ailleurs un béta coronavirus qui diffère génétiquement d’autres virus de la même sous-famille infectant les espèces domestiques dont le porc (HEV dans cette espèce, les autres coronavirus sont des alpha coronavirus).

Sources : Avis Anses Saisine n° 2020-SA-0037 ; site 3trois3.com ; Communiqué AVMA ; Fiches « Maladies animales » Anses ; Réussir Volailles ; Shi et al, Science, 2020.

GP-R-FR-NON-200500015

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