Réduction des antibiotiques : quelles conséquences sur les résultats technico-économiques ?

04/03/2020

La réduction des prescriptions antibiotiques en élevage porcin est compatible avec de bonnes performances économiques. C’est l’une des conclusions d’un vaste projet européen (Minapig) conduit entre 2012 et 2015 dans 6 pays européens dont la France.

Quels sont les déterminants techniques et psychologiques de l’usage des antibiotiques ? 

Dans les élevages français de cette étude, les principaux facteurs explicatifs de l’utilisation des antibiotiques sont d’abord la présence de signes cliniques : troubles respiratoires, nerveux en engraissement, métrites et boiteries sur les reproducteurs, cela conjugué avec le schéma vaccinal appliqué (vaccination contre le SDRP, la grippe et la rhinite atrophique). Les élevages français localisés dans des zones de moindre densité porcine ont une utilisation plus faible en antibiotiques, ainsi que ceux ayant de meilleures pratiques de biosécurité en lien avec l’approvisionnement en eau et en aliments. A l’opposé, la perception de l’usage des antibiotiques par les éleveurs et les performances techniques des élevages ne contribuent pas, ou peu, à expliquer l’utilisation des antibiotiques en France. Les élevages combinant faible usage en antibiotiques et bonnes performances techniques ont un meilleur score de biosécurité interne (respect de la marche en avant), ont une moindre proximité avec d’autres élevages et maîtrisent mieux la santé des animaux, en particulier les troubles digestifs en maternité et respiratoires en engraissement. 

Quel est l’impact technique et économique d’une réduction de l’usage des antibiotiques ? 

70 élevages naisseurs-engraisseurs localisés en Allemagne, Belgique, France et Suède ont participé à une étude d’intervention ayant pour finalité la réduction de leur utilisation d’antibiotiques. Pour cela des mesures alternatives de prévention et de contrôle des maladies ont été mises en œuvre dans ces élevages : modification de la conduite d’élevage et de l’alimentation, modification du protocole vaccinal, amélioration de la biosécurité. Au bout d’un an, une réduction moyenne de 30,5% des dépenses en antibiotiques a été observée. Cette baisse d’usage est corrélée à l’observance des mesures préconisées. Sur la base des 33 élevages belges et français, la réduction de l’usage des antibiotiques est intervenue sans impact notable sur les performances techniques et économiques des élevages, même si la variabilité observée demeure globalement élevée. 

Il est nécessaire d’établir un plan d’action adapté à chaque situation d’élevage, reposant sur un diagnostic pertinent, et sur la proposition de mesures adaptées (surtout préventives) sous réserve d’une bonne observance. Enfin il faut souligner le rôle crucial du vétérinaire comme conseiller pour la maîtrise de la santé des animaux de l’élevage. 

Sources :  Journées de la Recherche Porcine, Février 2018 ; Journées nationales des GTV, Mai 2019

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